mercredi 8 février 2012

Village de RANOMAFANA : cascade et tisseuses de soie

Le lendemain, nous descendons sans guide jusqu'au village de Ranomafana. Il y a 6km à pied depuis le gîte. A l'aller ça descend non-stop, mais au retour, ça grimpe !

Nous passons devant les thermes du village. Car Ranomafana veut dire « rano » = eau et « mafana »=chaud, donc eau chaude ! Une source d'eau chaude alimente un petit centre de thalasso très sommaire, avec piscine.

Nous continuons jusqu'à une superbe cascade que nous a indiqué Dauphin, à 20min du village par un petit sentier. Le bruit de cette chute d'eau et sa puissance est impressionnant. D'ailleurs, la Jirama (fournisseur d'électricité du pays comme EDF) l'utilise pour alimenter en courant le village mais aussi d'autres villes dont Fianarantsoa !
Les libellules et papillons virevoltent tout autour de nous.

 En repartant, nous nous arrêtons à la coopérative des tisseuses de soie sauvage. Une association de femmes a monté cette structure. 

Leur objectif est de conserver ce savoir-faire traditionnel mais aussi de leur fournir un complément de revenu leur permettant de couvrir une partie de leur besoin et d'éviter ainsi de déforester la forêt pour augmenter les cultures vivrières ou de rentes...

Dans les locaux de la coopérative, on peut les observer à l'ouvrage, devant leur grand métier à tisser. 

Un travail de fourmi pour obtenir une petite écharpe en soie et/ou coton !

Une journée faite de découvertes et de beaux paysages mais aussi de nombreuses rencontres et discussions avec d'autres guides très intéressants, au détour d'une gargote.

Le Parc National de Ranomafana

Après 3h de taxi-brousse nous voilà arrivé au gîte Rianala, à côté de l'entrée de parc national de Ranomafana. 
Nous sommes dans la montagne, en plein milieu de la forêt ! Le cadre est sympa.

Les chambres sont des dortoirs de 4lits superposés. Il y a une grande terrasse où nous pouvons manger. Tout est en bois et ça a des aires de chalet d'alpage.

Nous programmons une excursion d'une journée dans ce parc qui correspond à une forêt tropical humide de relief. 
Il se situe au cœur du corridor forestier s'étendant du Nord au Sud de l'île, le long de la côte Est. 
D'une superficie d'environ 40000ha, il constitue un site privilégié par les chercheurs du monde entier qui étudient les espèces et le fonctionnement de cet écosystème. Un centre de recherche a été créé à proximité de l'entrée du parc, le centre ValBio. 
Devant un nombre d'espèces très important et un relief accidenté, l'inventaire de la faune et de la flore n'est toujours pas terminé. Avis aux amateurs !

Nous marchons dans la forêt, le long des sentiers et découvrir une multitude de choses grâce à notre guide, Dauphin.

Au niveau de la végétation, nous traversons une zone de forêt secondaire composée de nombreux bambous qui font le régal des lémuriens « Grand hapalémur ». 

Nous passons aussi dans la forêt primaire, possédant de gros arbres tels les palissandres, différent type de fougères arborescentes, des ficus énormes dont le tronc se couvre d'amas de figues, des orchidées épiphytes, des lianes, etc.

Une pause pique-nique auprès d'un cours d'eau, dans un endroit calme et très joli et nous repartons à la recherche des lémuriens et autres bestioles.

Durant la journée, nous observons :

*des gékos (pas dans la forêt mais sur la terrasse du gîte)
*un oiseau du paradis dont le mâle relaie la femelle pour couver les œufs dans le nid
*de nombreuses grenouilles. Il faut avoir l’œil car leur camouflage est incroyable !


*un brookesia superciliaris tout petit, avec 2 cornes au niveau des yeux pour le protéger lors des chutes !

*des phasmes recouverts de nombreux piques

 *des scarabées girafes

*3 espèces de lémuriens :
-        Grand hapalémur (ou Prolemur simus, "le grand mangeur de bambous")
-        Hapalémur doré
-        Lémur à ventre roux

Pour avoir plus de chance d'apercevoir des animaux, notamment les lémuriens, un rabatteur fait le repérage et prévient le guide par téléphone portable (! oui, la technologie est utile, même à Mada en  pleine forêt primaire!) pour passer à ces endroits. 

Parfois, il faudra couper à travers la forêt pour rejoindre plus vite le lieu d'observation.

Le comportement des lémuriens grand mangeur de bambous est épatant. 

Alors que la gaine protégeant la pousse de bambou est très solide, ils arrivent à arracher le cœur des pousses à l'aide de leur dents. De plus, le bambou contient du cyanure et ils en ingurgitent une grosse dose. 
Pour compléter leur alimentation et éviter les effets néfastes de cette substance, ils mangent aussi des champignons et de la terre. Drôle de menu ! Nous préférons le riz ;o)

Les hors-piste dans la végétation haute et humide nous aura valu notre première rencontre avec les sangsues !!! 
Malgré les chaussures de randonnée montantes et nos grosses chaussettes, Nicolas récoltera 3 sangsues et moi une... 
Totalement indolore, nous nous apercevrons de cela le soir, au retour de la balade, quand Nicolas tombera nez à nez avec une sangsue gorgée de sang tombée par terre dans la chambre...
Deux petites trous à nos chevilles aux endroits où elles se sont fixées en guise de souvenir !
  
Une sortie vraiment enrichissante et de jolies observations.

Le Canal des Pangalanes


Nous n’avons pas encore traversé le hall de gare que voilà des guides qui nous tendent leurs cartes et pub pour une excursion sur le canal des Pangalanes. Pas besoin de chercher !
 
Nous rejoignons notre « hôtel » en pousse-pousse, car il n’y a pas de taxi dans cette ville, et décidons de faire la sortie accompagner par le guide Gaulex, que nous conseille notre hébergement.
 
Le lendemain, nous partons donc en pirogue sur le canal !
3 piroguiers, notre guide, nous deux et les provisions pour le pique-nique du midi. Le tout sur une petite pirogue en bois, très fine mais assez longue.

Au fil de l’eau, nous découvrons les villages de pêcheurs et leur retour du large, de bon matin, avec leurs prises. 

Les femmes sont déjà là pour réceptionner les poissons et aller les vendre sans attendre au marché. 

Ces pêcheurs ont du courage. Ils s’en vont sur l’Océan avec leur filet, sur leur petite pirogue en bois qui semble bien frêle dans l’immensité bleue, pleine de vagues malgré ce temps très calme…
 
Nous passons par le port, à l’abandon depuis 2009… par choix de développer le trafic routier au détriment du transport maritime au niveau de cette ville, occasionnant une perte d'activité et d'emplois.

Ensuite, nous quittons le canal pour naviguer sur le fleuve. Une langue de terre très étroite sépare le fleuve de l’Océan. Nous y accostons pour acheter notre poisson à un retour de pêche. 
 
Nous repartons en pirogue un peu plus loin. Il est l’heure de préparer à manger. Pendant que les piroguiers font la cuisine, nous nous baignons au « trou du commissaire », dans l’Océan Indien. La mer est assez agitée à cet endroit et il y a pas mal de courant. Nous n’y restons pas longtemps.

Ensuite, pique-nique de luxe très « gasy » (= malgache). Salade de spaghetti aux petits légumes, poissons grillés et riz avec sauce aux petits légumes et gingembre, ananas en dessert !

L’après-midi, nous faisons une nouvelle halte en pirogue pour visiter une petite distillerie artisanale, perdue au milieu de nul part, entourée de ses plantations de végétaux aromatiques et/ou médicinaux. Très intéressant. 

Après avoir découvert les espèces utilisées par la distillerie, Gaulex, nous amène voir une plante carnivore, la Napentes ! Magnifique !

Au niveau de l’alambic, une jeune nous décrit les étapes de fabrication des huiles essentielles. Très commerçante, elle nous fait sentir plusieurs de ses huiles et nous décrit leurs propriétés. 

Elle nous fait goûter aussi du miel de litchi et de niaouli. Forcément, on craque !
Miel de niaouli et quelques huiles essentielles dans notre sac à dos, nous repartons à la pirogue. 
Cette fois, retour au bout de plage qui sert d’embarcadère. 

Les piroguiers nous ramènent en pagayant joyeusement, cadençant leurs derniers efforts par des chants !
Quelle ambiance :o)

Comme l’hôtel est « peu » attrayant… nous décidons de partir dès le lendemain pour le Parc National de Ranomafana !

Train FCE : Fianarantsoa-Côte Est

La gare de Fianarantsoa est charmante. Elle date de l'époque coloniale. 



Nous embarquons jeudi matin à bord de l’authentique train FCE reliant Fianar' à Manakara ! 
 C’est parti pour 163km et 10h de trajet.


Le début de la ligne passe dans les montagnes et traverse de nombreux ponts (67) et tunnels (48), creusés à la force de l’Homme (époque marquante de la colonisation avec les travaux forcés des Malgaches…). 

Nous avons des points de vue magnifique sur les reliefs ! Nous traversons aussi le reste de corridor de forêt primaire… large de 12 km seulement.
La fin du trajet est plus plat quand nous approchons de Manakara, sur la côte Est.

Cette vieille locomotive tirant de vétustes wagons vibrants a été donnée par la Suisse. Les rails ont été saisis aux Allemands après la 1e guerre mondiale. Quant à l'aiguillage, il est actionné manuellement.

Le train desserre de nombreuses gares (18) et permet de transporter des passagers mais aussi des marchandises ! 

Dans quelques gares, la locomotive fait des manœuvres pour prendre ou décrocher des wagons.

En plus d’être un moyen de transport pour les humains, ce train est aussi et surtout un moyen de commercialiser les productions de ces villages de brousse totalement isolés (bananes, café et épices essentiellement) vers les grandes villes de Fianar et Manakara.  
(Photo ci-contre : déchargement de riz)

Cette activité économique permet de fournir un complément de revenu aux populations rurales qui arrivent par ce biais à s’acheter et à se faire livrer une partie de leur besoin alimentaire, évitant ainsi de déforester encore un peu plus la forêt pour augmenter les cultures vivrières.

Le voyage dans ce train est pittoresque.

Quelle effervescence à chaque arrêt en gare. 
Une quantité de petits vendeurs (vendeuses) s’approchent du train et tendent leurs plateaux garnis de bons produits vers les fenêtres.

Perchés du haut du wagon, les touristes achètent de quoi grignoter !

A chaque gare sa spécialité : beignets de banane, écrevisses, gâteaux riz-banane, fruits, cacahuètes, épis de maïs, cuisses de poulet, épices, nougatines artisanales (un régal !!!), ravissants colliers de graines, etc. 
Pas besoin de prévoir un pique-nique, en plus, ça fait marcher le commerce local !

Voilà, nous nous sommes rendus à la gare de Fianarantsoa à 6h30 pour un départ prévu à 7h. Le train démarrera finalement à 8h30 et arrivera à Manakara à 17h. 


Petite particularité de l'arrivée : le train traverse la piste atterrissage de l'aéroport de Manakara ! 
Unique au monde...

Fianarantsoa et sa charmante "ville haute"

Etant donné la faible charge de travail à Ambato, nous décidons de partir plus tôt que prévu, le 30 janvier. 

Destination : Fianarantsoa, environ 160 km plus au Sud.

Nous y passons quelques jours pour organiser la suite du voyage et en profitons pour visiter la vieille ville, ou ville haute, localisée en haut d'une colline et offrant un grand panorama sur les montagnes et vallées alentours.

C'est la seule ville à Mada possédant un ancien centre urbain du 19e siècle, dont l’architecture harmonieuse des bâtisses donne un grand charme au lieu.

Grâce à l’investissement d’une association de sauvegarde du patrimoine, les maisons sont plutôt bien restaurées dans cette partie de la ville.

Il est vraiment agréable de se promener dans ces petites ruelles pavées, au milieu de maisons en briques à étages, avec balcon en bois et toitures en tuiles arrondies.
Très dépaysant !

Enfin, il est tant de partir en train vers le Canal des Pangalanes.

mardi 7 février 2012

Ramota : le passionné des pachypodiums et aloès!

Malgré le cadre magnifique dans lequel nous avons atterri, la mission est peu fournie et nous n'avons pas une grosse charge de travail... 
Heureusement, pour passer un peu le temps, les locaux nous ont parlé de Ramota, un villageois la 60aine passée, qui connaît bien la région pour y guider des scientifiques à la recherche de plantes spécifiques.

Nous avons bénéficié de ces talents de guide et de sa passion pour les aloes et pachypodiums à travers son petit jardin botanique et deux jolies randonnées. 

Dans la première, Ramota nous a fait visiter la montagne alentours avec de magnifiques panoramas.
 Nous avons grimpé à des petites collines afin de dénicher ses plantes fétiches :
- des orchidées, dont quelques unes en fleurs.
- des pachypodiums, qui grandissent de 1mm par an ! Avec des spécimens de 60cm de haut, on vous laisse imaginer leur âge !!! Seuls les feux de brousse semblent avoir raison d'eux...
 - des aloes, qui poussent généralement au-dessus des gisements de marbre.
 
Nous avons aussi découvert la richesse du sous-sol de la région : tourmaline, améthyste, cristal de roche, marbre blanc et rose, granite noir, dolomie, etc. 

Nous avons déambulé sur un ancien site d'extraction de marbre à ciel ouvert, car le gisement était affleurant. Puis nous avons rejoint l'usine de la MAGRAMA, hélas fermée depuis le début de la crise politique en 2009, mettant 190 salariés à la porte...

PASSIONNANT !

Lors de la deuxième balade, nous nous sommes rendus aux « thermes » de Ranomafana, à 4km d'Ambato. Nous avons parcouru cette distance à pied, sur une piste de terre bien boueuse en cette saison des pluies...

Le site, en cours de réfection, est composé de bains vétustes et effondrés qui font encore le bonheur de malgaches avides de bain chaud et de saltos !! 

L'eau sort de la source aux alentours de 60° et est récupérée dans ces bassins. 
Un bâtiment tout en long, en brique, abrite des petites cabines de bain joliment restaurées mais encore inachevées. 

Nos maillots de bain resteront au chaud dans le sac à dos!
 
Pour le retour, Ramota nous a fait passé par les collines pour nous permettre d'avoir de beaux panoramas sur les rizières et les montagnes (on a aperçu le sommet de l'Itremo : 1600m!) mais aussi de retrouver des pachypodiums et aloes et enfin, de découvrir l'ancien site de parcage des zébus.

Nous avons pu observer un paysage qui nous a rappelé le piton de la Fournaise à la Réunion ! 
En effet, du haut de notre promontoire, sous nos yeux, s'étendait une grande plaine parsemée de petits cratères et derrière laquelle s'élevait une grosse barre rocheuse, le fameux rempart qui entour l'enclos d'un volcan ! 

Nous voyons donc tout cela, du haut de notre volcan éteint :o) A la place d'une zone noire et caillouteuse comme à la Réunion, l'endroit s'est couvert de cultures, au fur et mesure du temps. 
Le vert éclatant des rizières brille sous le soleil !

Enfin, nous descendons de notre colline afin de rejoindre le village d'Ambato.

Les Hautes-Terres

Nous nous retrouvons donc dans les Hautes Terres. 
Pour accéder à la ville d'Ambato', pourtant chef-lieu de district, il faut emprunter un route nationale défoncée, qui serpente et qui monte et descend. Il faut 2h30 pour réaliser les 70km entre Ambositra et cette ville... La route n'a pas été entretenue depuis 30ans !
La photo de droite montre la route principale.

Dans cette région, le temps est moins chaud, presque "frais" et il n'y a pas ou très peu de moustiques. 

Le paysage est grandiose : rizières dans les vallées ou en terrasse et des cultures à perte de vue sur les reliefs ! 

Le rouge de la terre contraste avec le vert vif des rizières et toutes les nuances des végétaux.

Les maisons, typiques de la région sont composées de brique ou de terre et recouvertes de terre rouge locale. 

Elles possèdent un étage avec souvent un balcon en bois joliment ajouré. C’est l’espace de vie. On peut remarquer de la fumée qui sort par une petite fenêtre tout en haut du pignon et qui correspond à la cuisine.
Le rez-de-chaussée est destiné au bétail et/ou entreposage de produits divers.
Le toit est en chaume de riz.

Les cultures principales sont donc le riz mais aussi le maïs, le manioc, la patate douce, les haricots, les arachides nommées aussi "pistaches malgaches". Pour optimiser la surface, les cultures sont associées : le maïs côtoie le manioc et les haricots ou arachides, etc.

ONG Tiako: la lutte contre la malnutrition




Nous voici de retour à Mada depuis le 11 janvier 2012. Dès notre arrivée à Tana, nous sommes pris en charge par l'ONG Tiako.

Notre mission initiale basée sur le reboisement a été modifiée entre temps. Nous allons finalement participer à la mise en place d'un jardin potager communautaire dans la ville d'Ambatofinandrahana (ou Ambato'), une bourgade au Sud de Tana, à l'Ouest d'Ambositra.
  
L'association Tiako est un relais sur le terrain du programme de nutrition nommé SEECALINE, financé par la Banque Mondiale et géré par le Ministère de la santé et l'ONN (Office national de nutrition).

Concrètement le district d'Ambato est découpé en 10 sites avec pour chacun, un agent communautaire (une femmes du village) qui a pour rôle de sensibiliser les mères et les jeunes filles, d'aider à composer des repas équilibrés, de suivre de développement des enfants entre 0 et 5 ans en organisant des pesées mensuelles.
Cette tranche d'âge est la plus sensible aux carences alimentaires qui peuvent provoquer des problèmes de développement physique et mental irréversibles.

De manière générale, la population à Mada souffre de malnutrition, pour deux raisons principales : 

1. le manque d'aliments disponibles, surtout en périodes de «soudure» c'est à dire avant et après la saison des pluies. Avant car c'est la période de sécheresse et après car les champs sont juste ensemencés...

2. les habitudes alimentaires qui privilégient presque exclusivement le riz et n'associent que peu de légumes pourtant disponibles en quantité dans certaines régions!

Notre bénévolat a consisté à participer à une journée de jardinage en groupe, avec les agents communautaires (11 personnes). L'objectif de ce potager est de sensibiliser les femmes aux enjeux d'une bonne nutrition en utilisant les légumes du jardin.

Nous avons été invités à une journée de sensibilisation des villageois aux enjeux d'une alimentation équilibrée et variée avec en application, la réalisation d'une "soupe de légumes communautaire" et la pesée de 90 enfants !